8
Le guerrier, l’âme déchirée

 

 

Ils trouvèrent le vaisseau marchand qui gîtait gravement, une bonne partie de sa voilure déchirée par des chaînes projetées avec force, son équipage – ce qu’on en voyait – massacré un peu partout sur le pont. Deudermont, comme ses marins expérimentés, savaient qu’il y avait eu davantage de personnes à bord : un tel navire embarquait d’ordinaire une bonne dizaine d’hommes, or on n’avait retrouvé que sept cadavres. Le capitaine n’avait guère d’espoir que les manquants aient survécu ; on apercevait de nombreux requins autour de la caravelle malmenée, dont plusieurs, sans aucun doute, le ventre plein de chair humaine !

— Quelques heures, pas plus, indiqua Robillard à Deudermont quand il le rejoignit à côté de la barre bloquée du bateau.

Les pirates l’avaient vaincu, pillé, tué son équipage, et finalement ligoté sa barre pour qu’il tourne en rond dans l’eau. Avec la forte brise qui avait soufflé toute la journée, le capitaine avait dû ordonner à son sorcier d’abîmer davantage le navire marchand pour l’immobiliser : Robillard avait détruit le gouvernail d’un éclair magique pour que l’Esprit de la mer puisse aborder la caravelle.

— Ils ont dû emporter un joli butin, supposa Deudermont.

Le peu qu’il restait dans les cales indiquait que ce vaisseau, parti de Memnon, transportait une solide cargaison de tissu, mais le manifeste ne parlait pas d’étoffes exotiques ou exceptionnelles.

— Des biens de peu de valeur, signala le sorcier. Il leur fallait en prendre une grande quantité pour justifier le temps passé à traquer ce vaisseau et assassiner ses occupants ! S’ils ont rempli leur cale, ils devront rejoindre la terre… (Robillard mouilla son doigt, le tint en l’air.) Le vent leur est favorable dans cette direction.

— Pas plus pour eux que pour nous, rétorqua le capitaine d’un ton sinistre.

Il héla un de ses lieutenants non loin et ordonna qu’on parcoure une dernière fois le navire en quête de survivants avant de regagner au plus vite l’Esprit follet de la mer.

La chasse était ouverte.

 

* * *

 

À peu de distance du capitaine Deudermont et de Robillard, Wulfgar ne perdit rien de la conversation. Il était d’accord avec l’estimation du sorcier : le massacre ne datait que de quelques heures. Avec la bonne brise, l’Esprit follet de la mer, vaisseau rapide – les cales vides, en plus – rattraperait sans peine le navire pirate surchargé, même si celui-ci filait toutes voiles dehors vers un mouillage.

Le barbare ferma les yeux et envisagea la bataille qui s’annonçait. Ce serait son premier retour au feu depuis que le chasseur de pirates avait quitté Eauprofonde ; un vrai moment de vérité ! Sa détermination, sa volonté devraient s’imposer face à son courage vacillant. Il regarda autour de lui les marins assassinés par des pirates assoiffés de sang. De tels criminels méritaient bien le sort tragique qu’ils connaîtraient bientôt, ils méritaient d’être envoyés à une mort glacée, solitaire, au sein des eaux sombres, ou bien capturés et livrés à Eauprofonde – ou même Luskan –, pour qu’on les juge et les exécute.

Wulfgar se répéta qu’il était de son devoir de venger les malheureuses victimes, d’utiliser les capacités au combat que lui avaient dispensées les dieux, ses qualités de guerrier, pour apporter un peu de justice en ce monde sauvage, de sécurité aux innocents démunis.

Debout sur le pont de la caravelle marchande démolie, le barbare fit appel délibérément à ce qu’il pouvait avoir de plus noble, à ses idéaux. Au milieu de cette scène de carnage, il mobilisa son sens du devoir et des responsabilités, évoqua l’altruisme de ceux qui avaient été ses amis… de Drizzt, qui à aucun moment n’aurait hésité à s’opposer au mal pour aider son prochain !

Mais il voyait toujours en esprit Delly et Colson, abandonnées seules à une existence sordide, brisées par le chagrin et la misère.

On lui touchait le flanc. Le barbare sortit de sa torpeur pour se rendre compte qu’il restait seul sur la caravelle avec l’homme à côté de lui, le lieutenant qui l’avait ainsi alerté. Il le suivit vers la passerelle qui le ramènerait sur l’Esprit follet de la mer, et remarqua que Robillard ne le quittait pas des yeux.

En posant le pied sur le pont du chasseur de pirates, Wulfgar jeta un dernier coup d’œil vers le spectacle atroce qu’offrait l’autre navire, afin d’inscrire dans son cerveau l’image des cadavres qui le jonchaient. Il devrait s’en souvenir quand viendrait le moment d’agir !

Il s’efforça d’effacer celles de Delly et de Colson, de se rappeler qui il était, qui il devait être…

 

* * *

 

Avec un peu de bon sens et un soupçon de la magie de Robillard, l’Esprit follet de la mer avait le pirate en vue à l’aube du lendemain. Le vaisseau ennemi semblait impressionnant : un gros trois-mâts pourvu d’un important pont arrière avec sa catapulte. Même à distance, Deudermont voyait de nombreux hommes d’équipage en arpenter le pont, arc en main.

— Carling Badeen ? demanda Robillard à Deudermont à la proue de la rapide goélette.

— C’est possible, répondit le capitaine avec un coup d’œil à son ami.

Cela faisait des années que l’Esprit follet de la mer espérait avoir à son tableau de chasse Carling Badeen, un des pirates les plus célèbres de la côte des Épées. Il semblait qu’enfin ils aient rattrapé ce bandit si rusé ! La rumeur voulait qu’il dispose d’un grand navire, plutôt lent, formidablement renforcé et armé, d’un groupe d’archers de premier ordre et de deux fameux sorciers. On disait aussi que Badeen avait une réputation de férocité extrême parmi ses pairs, et la scène de désolation sur le pont du navire marchand correspondait bien à ce qu’on aurait attendu d’un tel individu.

— Si tel est le cas, nous devons être au mieux de nos possibilités sous peine de perdre de nombreux hommes, nota le sorcier. (Deudermont, la lunette de nouveau à l’œil, ne marqua pas de désaccord.) Une seule erreur du genre de celles que nous avons commises à profusion ces derniers temps, et beaucoup de vies pourraient être perdues !

Le capitaine abaissa son instrument, considéra Robillard qui donnait dans les déclarations mystérieuses… puis il comprit où le sorcier voulait en venir, suivit son regard en biais vers Wulfgar appuyé au bastingage au milieu du navire.

— Je lui ai expliqué ses fautes, rappela Deudermont.

— Des fautes dont il avait conscience au moment où il les commettait ! contra Robillard. Quand le combat s’engage, ce n’est plus sa raison qui mène notre colosse, mais ses émotions, peur et fureur. Quand vous lui expliquez en quoi il s’est mal comporté, vous faites appel à son esprit rationnel, et, à ce niveau, il vous comprend très bien… mais quand l’action commence, cet esprit rationnel, le niveau logique, font place à quelque chose de plus primaire, d’incontrôlable dirait-on.

Deudermont pesait ces paroles, même si elles le contrariaient. Il espérait que le sorcier se trompait, mais ne pouvait rejeter sans examen son raisonnement. Il devait aussi tenir compte des conséquences qu’auraient pour l’équipage un comportement irréfléchi de Wulfgar, une interruption du plan d’action de Robillard ; il ne fallait pas oublier que le vaisseau de Badeen transportait deux sorciers, après tout, et une force non négligeable d’archers des plus dangereux !

— Nous gagnerons cette bataille en décrivant des cercles autour du navire plus lent, poursuivit le mage. Il nous faudra être rapides, capables de réagir sur-le-champ, vifs à la manœuvre.

Le capitaine hocha la tête. Certes, l’Esprit follet de la mer s’était déjà servi de ses capacités de manœuvre contre des vaisseaux de plus fort tonnage que lui, passant par exemple à la poupe d’un navire pirate pour lâcher sur lui une dévastatrice volée de flèches… Les propos de Robillard menaient à une conclusion évidente.

— Oui, vifs à la manœuvre, répéta l’homme.

Deudermont suivait fort bien le raisonnement de son ami.

— Tu souhaites donc que j’assigne Wulfgar à la barre sous le pont.

— Je souhaite que vous fassiez ce qui est préférable pour la sécurité de chacun à bord de ce navire. Nous savons comment vaincre un vaisseau pirate de ce genre ! Je vous demande seulement de le faire selon une méthode éprouvée, sans avoir à nous préoccuper d’un élément imprévisible. Je ne me risquerai pas à nier les qualités de guerrier de Wulfgar, mais, contrairement à ses compagnons qui ont navigué avec nous, on ne peut compter sur lui…

Robillard était lancé. Le capitaine l’arrêta d’un geste de la main et d’un hochement de tête : il cédait aux arguments de son sorcier. Oui, le barbare leur avait fait courir des risques indus lors des affrontements précédents, et un tel comportement, face à ce puissant pirate, pouvait se révéler désastreux.

Deudermont allait-il prendre un tel risque dans le seul but d’épargner la susceptibilité d’un homme ?

Il jeta un regard scrutateur au colosse debout contre le bastingage, qui, les poings serrés, rivait sur leur cible des yeux brillant d’une fièvre inquiétante.

 

* * *

 

Wulfgar descendit à contrecœur dans la cale. Comprendre qu’au fond de lui il préférait cette place plus sûre n’améliorait en rien son humeur ! Il avait vu le capitaine s’approcher de lui après avoir parlé à Robillard, mais avait tout de même été surpris de recevoir l’ordre de se rendre dans la cale arrière pour rejoindre l’équipe de manœuvre de combat. D’ordinaire, on opérait sur le pont, mais, au cours des affrontements, l’homme à la barre relayait ses ordres en dessous, et les marins, robustes et fiables, effectuaient le mouvement demandé.

Le guerrier barbare n’avait jamais participé à la manœuvre, il avait le plus grand mal à considérer ce poste comme le meilleur où employer ses talents.

— Alors, Grincheux ! l’interpella Grimsley, responsable de l’équipe. Tu d’vrais plutôt être content de pas te trouver face aux archers et aux sorciers ! (Wulfgar ne réagit pas, se contenta d’empoigner le lourd tronc de manœuvre.) Il a dû t’mettre en bas pour ta force, ajouta l’homme.

Wulfgar comprit que le vieux loup de mer tâchait avec rudesse de ménager sa fierté.

Mais il n’était pas dupe ! Si Deudermont ne s’était vraiment intéressé qu’à la prodigieuse force physique du barbare, il l’aurait laissé sur le pont pour manœuvrer les amures : bien des années auparavant, à bord de l’Esprit follet de la mer qui avait précédé celui-ci, Wulfgar avait fait exécuter au vaisseau un virage si serré que sa proue était carrément sortie de l’eau ! Cette opération que tous auraient crue impossible avait assuré la victoire.

Il apparaissait clairement que Deudermont ne lui accordait plus sa confiance pour ce genre de tâche. Il ne lui permettrait pas d’assister à la bataille, même de loin.

Le barbare n’aimait pas cela – pas du tout –, mais il devait garder en mémoire que le capitaine était maître à bord ! Ce n’était pas à lui de remettre en cause les ordres, surtout quand un combat s’annonçait…

Les premiers cris d’alarme retentirent quelques instants plus tard. Wulfgar sentit les vibrations dues à l’explosion proche d’une boule de feu.

— À gauche marque trois ! cria Grimsley. (Wulfgar et le marin assigné à la même barre tirèrent très fort, alignant le bout de la poutre avec la troisième mesure indiquée sur la coque à gauche du centre.) Amenez gauche une !

Les deux hommes obéirent ; l’Esprit follet de la mer suivit une trajectoire moins incurvée.

Wulfgar entendait au-dessus les cris incessants, le bourdonnement des cordes d’arcs, le sifflement de la catapulte relâchée, les éclats des sorts de combat. Ces sons en appelaient puissamment à l’identité sur laquelle se basait sa personnalité : celle du guerrier.

… Guerrier ?

Comment pouvait-il encore se définir ainsi quand on ne se fiait pas suffisamment à lui pour lui permettre de se joindre au combat, quand il n’avait pas le droit d’accomplir les tâches pour lesquelles il s’était entraîné toute sa vie ? Qui était-il, dans ce cas ? Il lui fallait bien se poser la question, quand ses compagnons – qui ne valaient pas mieux que lui dans la bataille, que ce soit en talent ou en force – affrontaient l’ennemi juste au-dessus de lui, alors qu’on le pensait tout juste bon à servir de bête de trait !

Le barbare gronda au cri suivant : « À droite deux ! », obéit, puis tira brutalement en arrière quand Grimsley, réagissant aux clameurs frénétiques venues du pont, ordonna un retour subit vers la gauche, aussi serré que possible.

La membrure et la barre grincèrent atrocement lorsque Wulfgar força la poutre à fond ; l’Esprit follet de la mer gîta si fort que l’homme qui aidait à la manœuvre derrière le barbare perdit l’équilibre.

— Hé, gaffe ! cria Grimsley à l’adresse du colosse. On veut pas qu’tu fasses dégringoler les hommes sur l’pont, crétin !

Wulfgar amortit la manœuvre et accepta le reproche. Il le méritait. De toute manière il n’écoutait pas vraiment son chef d’équipe, à part pour exécuter ses ordres. Il accordait davantage d’attention aux sons du combat qui faisait rage en haut, aux hurlements et imprécations, aux vibrations incessantes des sorts jetés et de la catapulte.

D’autres prenaient tous les risques à sa place !

— Mais t’en fais donc pas ! jeta Grimsley à qui l’expression sinistre du barbare n’avait pas échappé. Tu crois quand même pas qu’Deudermont et ses hommes peuvent perdre !

Certes, Wulfgar n’avait aucun doute là-dessus. Le capitaine et son équipage menaient ce genre d’opération avec succès bien avant qu’il les rejoigne ! Ce n’était pas ce doute qui déchirait son cœur : il connaissait sa place, elle n’était pas ici. Mais, à cause de son manque de résolution, le capitaine n’avait eu d’autre choix que de lui assigner cette tâche…

Au-dessus de lui, les boules de feu explosaient, les éclairs faisaient crépiter l’atmosphère, les cordes d’arcs vibraient, les catapultes relâchaient avec de grands sifflements leur fardeau redoutable. Le combat dura près d’une heure, et quand enfin l’ordre fut relayé par Grimsley de rattacher la barre pour rendre la manœuvre au pont, le marin qui avait travaillé avec Wulfgar remonta très vite, juste derrière le chef, pour se réjouir de la victoire.

Le barbare resta seul dans la cale arrière, assis contre le mur, rongé par la honte, incapable de se montrer au grand jour… épouvanté à l’idée que quelqu’un ait pu mourir à sa place !

Un peu plus tard, il entendit qu’on descendait l’échelle et eut la surprise de voir Robillard, ses robes bleu foncé remontées pour négocier les échelons.

— La manœuvre est revenue au-dessus, indiqua le sorcier. Ne crois-tu pas que tu pourrais te rendre utile en aidant à sauver le butin de ce vaisseau pirate ?

Wulfgar lui jeta un regard mauvais. Même assis, il donnait l’impression de dominer l’autre de la tête ! Le colosse faisait bien trois fois le poids de ce gringalet, avec des bras plus épais que ses cuisses maigrichonnes. Tout indiquait que l’homme aurait pu briser le mage en morceaux sans guère d’effort…

Si Robillard était le moins du monde intimidé, il n’en montra rien.

— C’est toi qui m’as fait ça, lui reprocha Wulfgar.

— Fait quoi ?

— Ce sont tes mots qui m’ont confiné ici, non ceux du capitaine. Tu es responsable.

— Oh, mais non, mon pauvre Wulfgar, répondit le sorcier d’un ton venimeux. Tu l’es ! (Le barbare leva un peu la tête, le regard méfiant.) Confronté à l’imminence d’un combat périlleux, le capitaine Deudermont n’avait d’autre choix que de t’assigner cette tâche secondaire, expliqua Robillard. (Il paraissait y prendre plaisir.) Ton insolence, cette manière que tu as de n’en faire qu’à ta tête, l’y ont obligé. Crois-tu donc que nous prendrions le risque de perdre des vies pour satisfaire ta rage insensée et la haute opinion que tu as de toi-même ? (Wulfgar se pencha en avant, s’accroupit comme pour bondir, prêt à étrangler son bourreau.) Mais oui ! poursuivit le sorcier sans marquer la moindre inquiétude. À part une telle prétention, qu’est-ce qui aurait pu t’inspirer tes actions au cours des dernières batailles, sauf une stupidité sans nom ? Nous formons une équipe bien disciplinée où chacun connaît son rôle ! Si l’un de nous veut sortir de ce rôle, il affaiblit l’équipe dans son ensemble, et nous travaillons les uns contre les autres au lieu d’agir de concert. Cela, nous ne pouvons le tolérer ! Ni de toi ni de personne. Alors épargne-moi tes insultes, tes accusations, tes vaines menaces, si tu ne veux pas te retrouver bientôt à pratiquer la nage ! (Les yeux du barbare s’ouvrirent un peu plus grand, gâchant l’impression d’impassibilité qu’il voulait donner.) Je peux t’assurer que nous sommes encore loin de la terre, conclut Robillard avant de remonter à l’échelle. (Mais il s’arrêta un moment, le temps d’accorder un dernier coup d’œil au colosse, ainsi que d’ultimes paroles :) Si tu n’as pas apprécié la bataille de ce jour, peut-être serait-il plus sage pour toi de ne pas réembarquer la prochaine fois que nous mouillerons à Eauprofonde…

» Oui, peut-être est-ce le mieux que tu as à faire, dit encore le mage après avoir ostensiblement arboré quelques instants une expression pensive. Retourne à terre, Wulfgar. Ta place n’est pas ici !

Le sorcier quitta la scène, mais le barbare ne le suivit pas. Il s’affala une fois de plus contre la coque, pensa à qui il avait été, qui il était désormais. Cette affreuse vérité, il ne voulait pas la connaître !

Il n’avait même pas la force de se projeter dans l’avenir, de se demander qui il souhaitait devenir…

La Mer des Épées
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